Désireux, comme tous les autres géants technologiques, de mettre un pied dans le secteur financier, Microsoft envisageait le mois dernier l'introduction d'une option de paiement différé au cœur de son navigateur web Edge, juste à temps pour Noël. Les réactions virulentes des testeurs ont apparemment eu raison de la dangereuse initiative.
Ayant manqué l'opportunité du mobile, où Apple et Google assoient leur domination sans partage, l'entreprise reporte naturellement ses espoirs de jouer un rôle dans les interactions commerciales des consommateurs grâce à la plate-forme qu'elle parvient encore à maintenir dans une position de premier plan face à la concurrence. Mais la seule faculté (désormais classique) de pré-remplir les coordonnées de carte bancaire lors de la finalisation d'un achat en ligne ne suffit évidemment pas à dégager de la valeur.
A contrario, l'ajout, reposant sur une collaboration avec le spécialiste du BNPL Zip, d'une facilité de règlement en 4 fois sur 6 semaines (dans les pays de présence de la startup) lui permettrait de mieux s'immiscer dans la connaissance de ses utilisateurs. Concrètement, l'idée consistait à présenter automatiquement le choix du crédit sur les pages de paiement rencontrées, pour les montants éligibles, et à en simplifier la souscription, via une association entre les comptes Microsoft et Zip du visiteur.
La nouveauté était intégrée dans les pré-versions publiées mi-novembre, pour un déploiement généralisé à suivre, quelques jours plus tard. Or son annonce a rapidement déclenché une avalanche de critiques et de commentaires négatifs, non seulement sur le principe même, qui encourage l'endettement, mais également sur la complexification de l'expérience client et, étonnamment, sur la crainte de mauvaise presse pour Edge. Depuis, la dernière édition a été officiellement livrée… sans aucune mention de BNPL.
Il faut bien admettre que le concept était plutôt mal inspiré. Certes, la promesse de bénéficier du paiement fractionné dans n'importe quelle e-boutique, en 2 ou 3 clics, peut sembler attractive au premier abord. Mais elle représente aussi une porte ouverte vers la spirale du surendettement, sans le moindre contrôle externe. Les régulateurs du monde entier s'inquiètent déjà de cette tendance et ils focaliseront probablement leur attention en priorité sur ces cas où l'engagement du consommateur est trop fluide.
Dans une certaine mesure, il est rassurant de constater que des internautes, même s'ils ne constituent pas une majorité, expriment leur refus de s'exposer à la tentation du BNPL, dont ils identifient donc parfaitement les risques. Peut-être l'excès de sollicitations, avec le nombre de solutions ayant émergé en quelques mois, engendrera-t-il une prise de conscience généralisée et un rejet massif, au moins vis-à-vis des acteurs les plus agressifs. Au risque de me répéter, l'instrument en soi peut être utile mais il doit s'inscrire dans une approche d'accompagnement financier afin de révéler son potentiel.
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