Sa croisade avait commencé avec le lancement d'Apple Pay, elle a pris de l'ampleur plus récemment avec la remise d'un prix de « champion de la liberté » à Tim Cook, son PDG. Mais jusqu'à quel point peut-on prendre au sérieux la prétention de la firme à la pomme de protéger les données personnelles et la vie privée de ses clients ?
Dans un discours prononcé à l'occasion du dîner de l'EPIC (« Electronic Privacy Information Center ») consacrant sa récompense, le successeur de Steve Jobs s'est déclaré – avec une certaine véhémence – en faveur du droit à la confidentialité et, surtout, contre les pratiques de la plupart des géants de la Silicon Valley (Google étant visé au premier chef), qui proposent aux consommateurs d'échanger un service (apparemment) gratuit contre l'accès à leurs informations personnelles.
Pour une entreprise dont l'hégémonie croissante sur les données les plus intimes – celles relevant de la santé, par exemple – devient préoccupante, il est évidemment critique de prendre une position claire et ferme, rassurante pour les clients. Dans le cas des paiements, une motivation supplémentaire est à l'œuvre : face à une génération émergente de solutions concurrentes gratuites ou presque, il faut bien pouvoir justifier les commissions qui restent au cœur du modèle économique d'Apple. Voilà donc, selon elle, le prix à payer pour garantir le respect de la vie privée.
Une telle stratégie a-t-elle une quelconque chance de perdurer ? Certes, on aimerait le croire, mais rien n'est moins sûr. Déjà, l'introduction d'Apple Pay en Europe – où les commissions sur les transactions par carte sont plafonnées – va sérieusement mettre à l'épreuve la résolution du constructeur, puisqu'il lui sera impossible d'espérer atteindre les niveaux de rémunération qu'il a obtenus auprès des banques américaines. Acceptera-t-il alors de voir fondre ses marges ou trouvera-t-il une autre source de revenus ?
Dans un discours prononcé à l'occasion du dîner de l'EPIC (« Electronic Privacy Information Center ») consacrant sa récompense, le successeur de Steve Jobs s'est déclaré – avec une certaine véhémence – en faveur du droit à la confidentialité et, surtout, contre les pratiques de la plupart des géants de la Silicon Valley (Google étant visé au premier chef), qui proposent aux consommateurs d'échanger un service (apparemment) gratuit contre l'accès à leurs informations personnelles.
Pour une entreprise dont l'hégémonie croissante sur les données les plus intimes – celles relevant de la santé, par exemple – devient préoccupante, il est évidemment critique de prendre une position claire et ferme, rassurante pour les clients. Dans le cas des paiements, une motivation supplémentaire est à l'œuvre : face à une génération émergente de solutions concurrentes gratuites ou presque, il faut bien pouvoir justifier les commissions qui restent au cœur du modèle économique d'Apple. Voilà donc, selon elle, le prix à payer pour garantir le respect de la vie privée.
Une telle stratégie a-t-elle une quelconque chance de perdurer ? Certes, on aimerait le croire, mais rien n'est moins sûr. Déjà, l'introduction d'Apple Pay en Europe – où les commissions sur les transactions par carte sont plafonnées – va sérieusement mettre à l'épreuve la résolution du constructeur, puisqu'il lui sera impossible d'espérer atteindre les niveaux de rémunération qu'il a obtenus auprès des banques américaines. Acceptera-t-il alors de voir fondre ses marges ou trouvera-t-il une autre source de revenus ?
De leur côté, les ingénieurs d'Apple ne sont pas inactifs en matière d'exploitation de données, quelle que soit la politique officielle de l'entreprise. Un brevet assez particulier a ainsi été accordé il y a quelques jours, dans lequel est décrit un système de publicité ciblée en fonction de la situation financière de l'utilisateur. Concrètement, avec le système envisagé, la connaissance du solde d'un compte prépayé ou d'une carte de crédit serait mise à profit pour ne promouvoir un produit qu'envers celui qui peut se l'offrir.
Naturellement, le dépôt d'un brevet (dont l'historique est, de plus, ancien : sa genèse remonte à 2008) n'est en aucune manière indicatif d'un projet en cours ou futur, mais il tend tout de même à prouver qu'Apple reste attentive aux opportunités. En l'occurrence, le lien avec sa solution de paiement peut être aisément être établi…
Dans un registre totalement différent, il pourrait également être reproché à la firme son attitude ambiguë, lorsqu'elle ferme les yeux sur les pratiques des éditeurs d'applications mobiles. En effet, tandis qu'elle se montre impitoyable sur certaines règles éditoriales (autour des contenus pour adultes, entre autres), la presse se fait régulièrement l'écho des innombrables dérives observées sur l'AppStore en matière de collecte injustifiée d'informations diverses et variées sur les utilisateurs.
À ce stade, les défenseurs des libertés individuelles peuvent légitimement se réjouir des prises de position d'Apple et de son PDG, d'autant qu'elles constituent une exception notable dans le monde numérique actuel, avide d'analyses de données en tout genre. Il ne faut cependant pas être naïf : si cette attitude représente aujourd'hui un intéressant facteur de différenciation concurrentielle, elle peut, demain, s'avérer encombrante et incapable de résister à la pression du développement commercial…
Naturellement, le dépôt d'un brevet (dont l'historique est, de plus, ancien : sa genèse remonte à 2008) n'est en aucune manière indicatif d'un projet en cours ou futur, mais il tend tout de même à prouver qu'Apple reste attentive aux opportunités. En l'occurrence, le lien avec sa solution de paiement peut être aisément être établi…
Dans un registre totalement différent, il pourrait également être reproché à la firme son attitude ambiguë, lorsqu'elle ferme les yeux sur les pratiques des éditeurs d'applications mobiles. En effet, tandis qu'elle se montre impitoyable sur certaines règles éditoriales (autour des contenus pour adultes, entre autres), la presse se fait régulièrement l'écho des innombrables dérives observées sur l'AppStore en matière de collecte injustifiée d'informations diverses et variées sur les utilisateurs.
À ce stade, les défenseurs des libertés individuelles peuvent légitimement se réjouir des prises de position d'Apple et de son PDG, d'autant qu'elles constituent une exception notable dans le monde numérique actuel, avide d'analyses de données en tout genre. Il ne faut cependant pas être naïf : si cette attitude représente aujourd'hui un intéressant facteur de différenciation concurrentielle, elle peut, demain, s'avérer encombrante et incapable de résister à la pression du développement commercial…
Brevet repéré grâce à Maike Strudthoff (merci !)
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