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C'est pas mon idée !

jeudi 9 mars 2023

Qui utilise le paiement fractionné ?

CFPB
Observant une multiplication par dix des recours au BNPL (« Buy Now Pay Later ») entre 2019 et 2021, l'organisme américain de protection financière des consommateurs (CFPB) a jugé utile de mener une vaste enquête sur le sujet. Ses résultats ne sont pas tout à fait ceux qui étaient attendus a priori, mais ils entretiennent les inquiétudes lancinantes.

D'emblée, se dessine une caractéristique spécifique au paiement en quatre fois (ou moins) sans intérêts qui a fait l'objet exclusif de l'étude : son montant moyen de 135 dollars (réparti sur 6 semaines), loin des habitudes des achats à tempérament (à environ 800 dollars sur 8 ou 9 mois). Puis surgit le premier signal d'alerte, puisque, parmi les 17% d'individus ayant utilisé un tel produit sur l'année écoulée, les populations les plus fragiles sur le plan budgétaire – noires, hispaniques et féminines, dans des foyers aux revenus modestes, entre 20 000 et 50 000 dollars annuels – sont surreprésentées.

Le plus fâcheux réside cependant dans une autre tendance générale concernant les profils de ces adeptes. Ainsi, beaucoup parmi eux sont en délicatesse avec leurs finances personnelles, révélant une forte propension au surendettement, au maintien d'encours importants sur leurs cartes de crédit, aux défauts de remboursement de leurs engagements… Ils sont en outre fréquemment abonnés à d'autres formes d'emprunt à risque élevé, telles que le découvert bancaire, l'avance sur salaire, le prêt sur gage…

En revanche, il ne faut pas voir dans ces dérives une causalité indue : les comportements mentionnés sont antérieurs au développement des options de BNPL et il faut donc considérer que ces dernières s'avèrent plus attractives pour ceux qui subissent déjà une addiction pour le crédit. Incidemment, ils y trouvent un avantage certain puisque le CFPB estime que les dépenses financées de la sorte, en principe sans frais, auraient porté un taux d'intérêt de 19 à 23% s'ils les avaient réalisées avec leur carte.

Hormis cet aspect positif qui peut jouer en faveur du pouvoir d'achat des ménages, le paiement fractionné n'a malheureusement guère d'impact en matière d'inclusion financière. En effet, et contrairement à une idée reçue largement répandue, ses usagers ont, dans la plupart des cas, accès à d'autres modalités, plus classiques, de crédit (bien que souvent à des conditions extrêmement onéreuses), y compris pour leurs études, leur voiture…, tandis que, à l'inverse, les plus pauvres restent à l'écart de l'opportunité.

Ces constats me procurent une fois de plus l'occasion de souligner combien un accompagnement pédagogique sérieux devrait être systématiquement associé aux propositions de financement sur le point de vente. À défaut, les inscouciants (un autre trait commun à une grande partie de l'échantillon surveillé) se précipitent sur une nouvelle facilité sans prendre garde à l'accumulation de la pression sur leur porte-monnaie…

CFPB – On your side

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