La dernière annonce en date est celle de Natixis, qui équipe ses commerciaux spécialisés en gestion de trésorerie (cash management). Pour l'occasion, la banque a fait appel à Sogeti et l'agence web n² (groupe Havas) pour concevoir et réaliser MyMediatheque, une application qui permet aux collaborateurs de la banque de gérer leur agenda et leurs documents commerciaux. Comme dans le cas récent de BNP Paribas Securities Services, l'apparente pauvreté des fonctions proposées laisse planer quelques doutes quant à la valeur de l'initiative.
Un autre cas assez proche est celui de Mercedes Benz Financial (USA) à partir duquel un article d'InformationWeek a au moins le mérite de nous donner quelques recommandations utiles. La filiale de financement de la célèbre marque automobile est dans une situation assez particulière puisque ses "commerciaux" sont les concessionnaires, qui ne font donc pas directement partie de ses effectifs. Dans ce cas, la démarche retenue fait preuve d'un peu plus de réflexion, avec une première expérimentation auprès de 40 utilisateurs dont les résultats conduisent à une généralisation aux 355 concessions américaines. Autre fait notable, c'est une application web existante, adaptée à l'iPad, qui est exploitée sur la tablette.
MB Financial reconnaît que le choix de l'iPad est essentiellement une question d'image, celle d'Apple étant jugée en phase avec la marque automobile de haut de gamme. La phase pilote a tout de même déjà permis à MB Financial de tirer quelques enseignements sur son adoption :
- Le développement (web) pour l'iPad est beaucoup plus facile que pour l'iPhone (ou toute autre plate-forme mobile) et est donc beaucoup moins coûteux. Outre de légères adaptations à la taille de l'écran (un peu inférieure à celle d'un PC), seuls quelques composants Flash ont du être remplacés.
- Alors que l'idée initiale était de fournir un outil accessible dans les locaux de la concession, donc dans la zone de couverture de leur réseau WiFi, les vendeurs ont rapidement demandé un accès 3G qui leur permet d'utiliser la tablette dans d'autres situations, par exemple pendant les essais de véhicules.
- Les utilisateurs n'ont pas besoin d'un clavier "physique" (ce qui semble logique pour des personnes travaillant généralement debout) mais ils veulent pouvoir imprimer les documents qu'ils manipulent (ce qui sera possible avec la prochaine version du système iOS).
- La principale demande des commerciaux a été une fonction de signature, qui a depuis été ajoutée à l'application. Leurs clients peuvent ainsi signer un document de leur doigt sur l'écran (la question de la valeur légale de cette signature n'est pas abordée...).
Par exemple, l'installation des applications constitue un risque difficile à éviter : sauf à interdire toute application tierce sur la tablette (ce qui lui ferait perdre l'essentiel de son intérêt), il est impossible d'administrer les téléchargements de l'utilisateur. Et même si Apple contrôle les logiciels disponibles, il n'est pas exclu que des outils malveillants passent à travers les mailles du filet.
Malgré ces risques, de nombreuses entreprises ne peuvent plus résister à la pression de leurs collaborateurs. Elles essaient donc de mettre en place un minimum de mesures de précaution, notamment sur leurs réseaux, mais elles ont considérablement réduit leurs exigences de sécurité pour satisfaire les utilisateurs.
Nick Jones, l'excellent analyste de Gartner spécialiste des technologies mobiles, tend à confirmer ce constat dans les conclusions informelles de ses observations du Gartner Symposium du mois dernier. Pour lui, l'utilisation de l'iPad sur les réseaux de l'entreprise échappe entièrement au contrôle des DSI, notamment parce que la plupart sont des appareils personnels. Fait amusant, il constate que le public du symposium est largement adepte de la tablette d'Apple, ce qui laisse supposer que les responsables informatiques qui fréquentent l'événement sont les premiers à enfreindre les règles de leur profession...
L'analyste émet également quelques réserves sur les cas d'usages de l'iPad, qui ne sont souvent qu'une réflexion secondaire après un achat quasi-impulsif. Et ce comportement individuel est peut-être celui qui guide aussi certaines des organisations qui se lancent dans des déploiements à plus ou moins grande échelle... Or il ne faut pas perdre de vue que la tablette est avant tout un appareil de "consommation" de contenus et qu'à ce titre elle ne peut remplacer un PC pour l'immense majorité des collaborateurs. Il devient alors difficile de justifier objectivement l'ajout d'un troisième matériel au smartphone et au micro-ordinateur dont ils sont déjà équipés et qui leurs restent nécessaires...
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