Research In Motion (RIM), le fabricant canadien des smartphones BlackBerry, vient donc d'annoncer en fanfare sa future tablette tactile "PlayBook". Le communiqué de presse est sans équivoque et vise directement l'iPad d'Apple en mettant par exemple l'accent sur son système "vraiment" multi-tâches et la présence de deux caméras... Le constructeur reste cependant fidèle à sa cible privilégiée des entreprises, l'appareil ayant été conçu avec des dirigeants pour s'adapter au mieux à leurs besoins.
Sans entrer dans les détails, le PlayBook est un appareil petit et léger (400 g), embarquant un processeur ultra-puissant (il n'est malheureusement pas question de son autonomie) et destiné à fonctionner en symbiose avec un (smartphone) BlackBerry. Ainsi, la tablette est essentiellement conçue pour exploiter, via une connexion bluetooth, les contenus stockés sur le BlackBerry ou accessibles depuis celui-ci (mails, tâches, agenda, documents de l'entreprise...). Cette approche facilite la sécurisation de l'appareil puisqu'aucune donnée n'y est stockée et permet à RIM d'annoncer une compatibilité directe avec ses serveurs d'entreprise (BES), les échanges étant réalisés à travers le smartphone qui y est déjà connecté.
La tablette embarque un browser évolué, supportant Flash et HTML 5 et ses deux caméras permettent d'envisager des applications de visio-conférence. Pour ces deux fonctions, il faudra disposer d'une connexion WiFi ou, là encore, utiliser la connexion 3G du smartphone.
L'annonce comporte une mauvaise nouvelle pour les développeurs. En effet, le PlayBook est équipé d'un nouveau système d'exploitation (le "BlackBerry Tablet OS"), issu du rachat récent de QNX par RIM, ce qui va fragmenter encore un peu plus le marché des OS mobiles et disperser les efforts des créateurs d'applications. Il est précisé que les applications existantes pour BlackBerry OS seront compatibles mais l'utilisateur aura certainement tendance à utiliser les applications conçues pour smartphone sur le Blackberry qu'il doit également posséder.
Et ce n'est pas la nouvelle plate-forme "WebWorks" de développement web (et une de plus !), annoncée conjointement, qui va faciliter le choix...
Malgré ses arguments destinés à séduire les décideurs, la stratégie adoptée par RIM pour sa tablette me laisse perplexe, la quasi-nécessité de lui adjoindre un smartphone constituant pour moi un frein à son adoption. Par ailleurs, rien ne prouve que le nouveau système séduira les développeurs d'application qui ont déjà fort à faire avec l'iPad et la vague prochaine des tablettes sous Android. L'écosystème des applications tierces étant aujourd'hui un des principaux facteurs de succès d'une plate-forme mobile, RIM fait là un pari risqué.
Tout cela rappelle d'ailleurs étrangement le Foleo de Palm, annoncé en 2007 et jamais produit, qui avait été conçu comme un compagnon des smartphones Treo et qui n'a pas survécu aux critiques dont il a fait l'objet (les mêmes que j'adresse aujourd'hui au PlayBook).
En conclusion, RIM commet probablement une erreur en ignorant la tendance à la "consumérisation" de la technologie et en prolongeant sa stratégie vers les entreprises, où la domination de ses smartphones commence à s'éroder sérieusement. Quand les cadres rangent dans un tiroir le BlackBerry fourni par leur employeur pour utiliser leur iPhone personnel, le PlayBook a-t-il une chance de ne pas subir le même sort face aux iPads ? Difficile d'y croire...
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